La boîte à rythmes Linn LM-1 et l’avènement du robot batteur


C’est un rouage important de la mécanique sonore des années 1980, une machine qui donne le tempo du Thriller de Michael Jackson, comme celui de nombreux hits de son meilleur ennemi Prince (Kiss, When Doves Cry, Little Red Corvette, etc.). Un robot batteur usé par Rick Astley (Never Gonna Give You Up), Genesis (Mama) et diverses figures de la new wave, dont A-ha (Take on Me) ou Frankie Goes to Hollywood (Relax). Un redoutable concurrent pour les batteurs de studio aussi.

Pourtant, cette machine parsemée de boutons, grande comme un attaché-case, doit en partie son succès à une série de hasards. Au moment de sa commercialisation, en 1980, rares sont les musiciens qui s’offrent cette boîte à rythmes à 17 000 euros actuels avec l’intention ferme d’en faire un marqueur de leur identité artistique. Beaucoup voient plutôt la Linn LM-1 comme une machine à répéter : ils n’imaginent pas forcément l’inviter sur leurs disques.

« La LM-1 permettait de bosser chez soi sans mobiliser un batteur », se souvient Olivier Grall, musicien, ingénieur du son et grand collectionneur d’instruments électroniques. « Prince lui-même ne pouvait pas avoir un batteur à domicile en permanence », explique au Monde Roger Linn, créateur de la LM-1, aujourd’hui âgé de 68 ans.

Si les sons de batterie de la LM-1 ont attiré l’attention de ces artistes, c’est parce qu’ils sont enregistrés en studio, une nouveauté quand les machines concurrentes sonnent comme des criquets synthétiques. Les musiciens apprécient ses dix-huit touches jouant chacune une percussion différente, qu’ils peuvent presser individuellement pour déclencher les sons en temps réel. Ils peuvent ainsi créer des boucles rythmiques que la machine pourra répéter à l’infini.

« Elle ne fatigue jamais, confirme Olivier Grall. Et le son est parfait tout de suite », alors celui d’une batterie classique doit encore être peaufiné après l’enregistrement. En outre, la LM-1 peut être jouée à bas volume, alors que le son d’une batterie est souvent assourdissant dans un local.

Minimalisme

En bas à droite de la Linn LM-1, les 18 touches déclenchent chacune un son différent.

C’est un producteur qui, le premier, a mis une boîte à rythmes dans les mains de Phil Collins. « J’étais batteur, je n’en voulais pas », se remémore ce dernier à l’occasion d’un documentaire consacré aux boîtes à rythmes. Mais cet outil, parce qu’il peut faciliter son travail, servira pourtant bientôt à poser les bases de toutes ses chansons : « Quand j’ai commencé à fabriquer mes disques à la maison, je battais tout en chantant, quitte à rajouter les claviers plus tard. C’était très dur de bosser comme ça. » Une boîte à rythme permet de poser une rythmique, de prendre un pas de recul pour l’écouter, la modifier, puis de passer au clavier avant de revenir aux rythmes, etc.

Il vous reste 70% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source
Catégorie article Politique

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.